Le blog
de Ségolène Gautier
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Ségolène à Auroville

 
 

Le mardi 27 décembre 2005

Ça y est ! J'ai eu ma douche chaude ! La première depuis deux semaines. Je prends ça comme cadeau de Noël. C'est fou comme on devient moins high-maintenance quand on a les pieds sales en permanence (essayez de garder les pieds propres en sandales dans la terre rouge d'Auroville)...

J'étais à Quiet, après le cours de révision de polarité, et j'en ai profité pour recevoir un massage californien très relaxant. Juste après, j'ai eu la bonne, l'incroyable, la fabuleuse surprise de me voir proposer l'accès à la douche attenante à la salle de massage. Pouvoir se laver sans être obligée de faire des contorsions avec un seau d'eau chauffée par une résistance électrique, ça, c'est du luxe !

 
   
 
J'envoie ces quelques fleurs aux valeureux Québecois pour qui les tempêtes de neige sont en train de devenir un état quasi-permanent. Je les destine plus particulièrement à mes amis, surtout ceux qui ont le nez qui coule.
 


Pour ceux qui aimeraient avoir plus d'informations sur le concept de supra humains, je conseillerais "L'Espèce Nouvelle", un livre que j'ai récemment découvert. Satprem, l'auteur, était l'ami et le confident de la Mère. Il a écrit des tonnes d'ouvrages sur le sujet, mais celui-ci me semble résumer assez bien quelle était cette vision qui la poussait à agir.
 
 
Le soir, je lis, je refais le monde avec mes voisins, ou je dors. Cela fait deux semaines que je n'ai pas regardé la télévision. Je ne sais même pas qui est le nouvel "Apprentice" de Donald Trump, et cela ne me manque pas. Bon, d'accord, j'ai programmé mon magnétoscope avant de partir et je sais que je le visionnerai un jour, mais disons que je n'y pense pas tout le temps.

C'est bientôt le 31 et les gens commencent à se demander quoi faire. Rien d'officiel n'est organisé. Peut-être que j'irai à Pondichéry passer le nouvel an. Je commence à prendre le rythme indien, plus calme. On verra bien le jour-même. Pourquoi s'en faire ?
 
Le mercredi 28 décembre 2005

L'Inde est connue pour ses phénomènes spirituels étranges, ses conversions radicales, ses yogis flexibles, ses vaches sacrées. Je pourrais continuer longtemps comme ça. Ajoutons à cela ses coïncidences troublantes. Vous pensez à quelqu'un ? La personne apparaît quelques secondes plus tard. Vous avez rendez-vous et vous êtes en retard ? Il y a des chances pour que l'autre soit en retard aussi et que vous arriviez exactement à la même seconde.
 
  Vous parlez innocemment sur votre blog du fait que vous êtes super fier(e) de ne pas avoir regardé la télé depuis votre arrivée au pays ? Le lendemain, on vous indique gentiment l'endroit où se trouve la "salle de télévision" de la communauté. En vous montrant où est cachée la clef, par-dessus le marché. Et en vous disant "tu peux venir ici quand tu veux". Plein de chaînes indiennes, mais aussi TV5 Asie, HBO, National Geographic, Fashion Television... C'est comme ça que je me suis retrouvée hypnotisée pendant une dizaine de minutes par une intervention surréelle de Karl Lagerfeld. En pleine campagne tamoule (nous sommes au Tamil Nadu, donc l'adjectif, c'est tamoul, ou tamil en anglais). Une expérience quasiment mystique.
 
J'ai fait réparer mon scooter. Ça ne m'a coûté que 285 roupies (6,5 $US). Comment j'ai fait pour avoir un prix aussi bas ? Aha ! Je vais partager avec vous ma botte secrète. Vous êtes prêts ? J'ai fait négocier par un Indien. Et ça discutait ferme, je peux vous le dire. Je suis très contente. Je pense que je vais recommencer l'expérience (pas péter mon scooter, emmener un Indien avec moi quand je fais mes courses).
 
Le jeudi 29 décembre 2005

Ça y est, je fais une overdose de gens. Ça m'était arrivé à quelques reprises quand je vivais à Arcosanti. Mon environnement naturel est l'état tranquille à la maison, on filtre les appels souvent, on sort juste quand c'est nécessaire (ou quand c'est un événement très glamour, mais dans ce cas, c'est considéré comme nécessaire...). Alors être entourée tout le temps de gens, c'est sûr, ça me stresse un peu. Surtout que certains n'ont pas l'air de comprendre que volets fermés = laissez-moi tranquille !!!
 
J'appelle mon copain Saravanan à la rescousse. Il est né ici, mais on s'est rencontrés l'année dernière en Arizona, lors de mon précédent séjour en communauté. Au secours! Sors-moi de là ! Pas de problème, on va aller à la plage. Et là, merveille, il me fait découvrir Repos, LA plage propre de la région, réservée aux Auroviliens, Newcomers et Guests.  
 
Je pense qu'il est temps de vous donner une petite explication des différentes catégories, d'après ce que j'en ai compris...

• Visitor : bipède qui vient voir de quoi il s'agit car il en a entendu parler dans un guide touristique. Les visiteurs ne comprennent pas toujours qu'Auroville n'est pas un parc d'attraction, donc on s'en méfie un peu.

• Guest (mon statut) : personne délicieuse et sensée qui a déjà fait une recherche sur l'endroit et vient pour en savoir plus, rencontrer des gens, tâter le terrain. Un guest a une "Auroville Guest Card" à partir d'un séjour de plus de 10 jours.

• Long-term guest : guest qui aime vraiment l'endroit et reste de 3 mois à un an pour étudier. On peut apprendre toutes sortes de choses ici : arts martiaux, langues étrangères, yoga, médecine ayurvédique, massage... Il est bien vu pour un long-term guest de faire un peu de bénévolat. D'abord parce que ça montre son support pour la communauté et ensuite parce que ça lui permet de se faire plein de nouveaux amis.

• Newcomer : ceux qui veulent devenir Auroviliens doivent avant tout passer par le stade Newcomer. C'est-à-dire être à l'essai pendant deux ans avant que le dossier soit complètement accepté. Eh oui, il y a une sélection et il y a même des renvois pour ceux qui foutent la merde. Une communauté est un organisme vivant et vous connaissez l'histoire de la pomme qui pourrit le reste du panier...

• Aurovilien : le top du top, le nec plus ultra, ça y est, c'est officiel, on fait partie d'Auroville. Malheureusement, ce label n'est pas une garantie de qualité. Je me suis retrouvée confrontée à deux reprises avec des gens très méprisants. "Non, ceci n'est pas pour les guests" (prononcez le mot "guests" comme si vous disiez "fiente de poulet" ou "vomi de chat", bref, prenez un air dégoûté). Apparemment, l'unité humaine c'est pour les autres. Eux, ils sont au-dessus de ça... Mais heureusement, ce n'étaient que des cas isolés. La plupart des gens rencontrés sont pacifiques et généreux. Ils ont vraiment compris l'esprit communautaire.
 
 
     
 
   
 

 

 
 
 
 
 
Copyright Segolene Gautier 2005