Le blog
de Ségolène Gautier
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Ségolène à Auroville

 
 

Le jeudi 15 décembre 2005

Je suis invitée à un anniversaire, ce soir. Une Tibétaine très sympa, rencontrée à Aspiration, me propose d’aller faire les courses ensemble, pour trouver un cadeau à notre hôte. Nous nous retrouvons dans une minuscule boutique du village indien proche de la guesthouse.

 
Elle me suggère de lui offrir du parfum. En fait de parfum, il s’agit de déodorant Axe. Je lui signale que c’est peut-être étrange, d’offrir du déodorant à un homme. Non, il semble qu’ici, les mâles s’en servent comme parfum. Bizarre, bizarre. Je lui donnerai donc ce cadeau plein de sous-entendus, en précisant que c’est elle qui m’a aidé à le choisir, juste au cas où il ne pratiquerait pas cette coutume-là…  
 
L’anniversaire indien ressemblait à tous ceux auxquels j’ai été jusqu’à présent. On a mangé, on a bu, on a dansé… et, malheureusement, on a essayé de m’empoisonner. Pas exprès, mais quand même. On m’avait averti de ne surtout pas boire l’alcool local, sorte de tord-boyau « home-made », très dangereux pour la santé. J’ai donc refusé consciencieusement tout ce je n'arrivais pas à reconnaître à l'odeur. Un type assis à côté de moi remplissait régulièrement mon verre de bière. Mais au bout d’un moment, ça a commencé à avoir un drôle de goût. Ni une, ni deux, je lui ai carrément demandé si il avait mis autre chose que de la bière dans mon verre. Oh, juste un tout petit peu d’alcool, pas grand chose, vraiment. À se demander si certains hommes ont de la semoule à la place du cerveau…

Je me suis réveillée à 3h00 du matin, avec un vrai mal de ventre. Empoisonnement par alcool non identifiable. Deux gélules de charbon actif, et 15 minutes plus tard, ça allait déjà mieux. C’est génial, ce truc. Le seul problème, c’est que comme ça sert d’anti-poison pour tout ce qui n’est pas naturel dans le corps, ça neutralise aussi les médicaments. Donc à ne pas prendre en même temps (4 heures avant ou après) que les capsule anti-malaria ou la pilule anticonceptionnelle…
 

Le vendredi 16 décembre 2005

Je décide de donner des nouvelles à certains de mes amis les plus proches, dont ma chère Sandra, qui s'occupe si bien de mon appart en mon absence. J'entre donc dans l'une des nombreuses boutiques du village qui offrent le fax, l'internet et les "Net Phones". Comme d'habitude, je demande le prix avant. Pour une minute de communication au Canada, ça me coûtera 3 roupies, 5 roupies, 7 roupies ou 10 roupies. Je ne comprend pas. Il m'explique en souriant que ça dépend de la qualité de la ligne. Je veux que mes interlocuteurs m'entendent bien, c'est important ce que je dis ! Je choisis donc le tarif le plus élevé. Pour presque une demi-heure de communication, ça me coûtera donc 290 roupies (6,5 $US). C'est vraiment un bon deal. D'autant plus que je me suis fait avoir. Eh oui ! L'histoire des tarifs différents, il semblerait que ce soit du n'importe quoi et que le prix habituel est 3 roupies la minute. Ils sont créatifs, quand même...

Première expédition à Pondichéry, à 10 km d'Auroville. Avec Nadia, nous partageons un taxi pour y aller (490 Rs pour 4 heures). Je trouve ça un peu cher par rapport au coût de la vie ici. Si on avait négocié, on aurait peut-être pu l’avoir pour beaucoup moins que ça… mais pour y arriver, il faut discuter avant de partir. Et ne pas le croire si il dit que ça sera plus cher si il évite les nids de poule...

J’ai besoin d’une résistance. Oui, un bidule électrique pour chauffer l’eau. Parce qu’ici, il n’y a pas d’eau chaude. Pratique, pour se laver les cheveux. Les miens sont en train de tourner au jaune-orangé, tellement ils sont sales. Je ne me supporte plus. Il est temps d’agir.

 
 

La technique, c’est de prendre un seau, de tremper la résistance dedans, et 20 minutes plus tard, on a de l’eau chaude. Ensuite, on se débrouille dans la baignoire pour se verser le seau sur la tête. Une expérience inoubliable, et qui prend au moins trois fois plus de temps que quand on a une vraie douche avec de la bonne eau chaude.

Et si je lançais la mode des cheveux jaune-orangés ?

 

Le samedi 17 décembre 2005

 

Pour une raison inconnue, je me réveille à 6h00. Je décide d'en profiter pour aller voir le lever du soleil sur la plage. C'est un peu nuageux, mais splendide. Je trempe mes pieds dans l'Océan Indien. L'eau est chaude. Un vrai bonheur. Par chance, je rencontre un vieil anglais avant de commettre l'irréparable. Il est fortement déconseillé de se baigner à côté des villages de pêcheurs : ils utilisent la plage comme toilette publique, et pas seulement pour leurs petits besoins. Je les ai vus faire, mais je ne vous montrerai pas de photo.

Pour trouver une eau plus propre, il me faudra marcher quelques kilomètres. Ce sera pour une autre fois. J'ai déjà une journée assez chargée comme ça !

 
 
Deuxième expédition à Pondichéry, toute seule cette fois. J'ai pris le bus qui part d'Auroville et qui se rend à Pondy les lundis, mercredis et samedis. C'est gratuit avec la Guest Card. C'est assez pratique : on nous dépose dans le quartier français pour nous récupérer trois heures plus tard. Le bus est plein et je dois rester debout, mais le trajet est quand même assez court.
 
 
Dès mon arrivée, je négocie un mini-taxi (rickshaw). Il me demande 300 Rs pour trois heures, je finirai par l'avoir à 200 Rs. Ah, si je pouvais appliquer mes qualités de négociation avec mes clients à Montréal ! C'est super pratique d'avoir un chauffeur. Je lui dis où je veux aller, il me conduit, et il m'attend pendant que je fais mes courses. Vous avez dit Princesse ?
 

Je demanderai souvent au chauffeur de s'arrêter, afin de pouvoir m'imprégner de la ville. Je marcherai donc beaucoup, étonnée de me sentir à l'aise dans cet endroit si différent de ce que j'ai pu connaître jusqu'à présent. Et oui, il y a des vaches en plein milieu de la rue à Pondichery. Et tout le monde trouve ça normal.

 
 
 

De retour à Auroville, je suis transférée à Aspiration. Je vous présente ma hutte, beaucoup plus grande que le cube dans lequel j'ai vécu pendant 6 mois à Arcosanti. Mon nouveau logement fait au moins 4 mètres par 4 mètres, et j'ai une salle de bains que je partage avec une Allemande très cool qui fait de la peinture et du yoga (toujours pas d'eau chaude, dans la salle de bains...).

 

Je me dis que je vais me la jouer trip nature, dormir les panneaux de bois ouverts (on ne les voit pas sur la photo: ils sont relevés contre le toit), être éveillée par le lever du soleil... quand j'entend soudain des loups ou des coyotes (bon, ce ne sont peut-être que des chiens...) qui hurlent au loin. Euh, pour le trip nature, je vais attendre un peu de m'habituer à mon nouvel environnement...

 

 

 
 
 
 
Copyright Segolene Gautier 2005