Le blog
de Ségolène Gautier
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Ségolène à Auroville

 
 

Le samedi 14 janvier 2006

Taxi d’Auroville à Chennai (Madras) : 2h30, attente à l’aéroport de Chennai : 2h30, vol Chennai-Bangalore-Delhi : 4h00, attente des bagages et réservation de voiture: 1h00, trajet Delhi-Agra : 4h30. La vue que je vais avoir demain matin de ma chambre ? Elle me fera sans doute oublier les 14 heures de voyage (j'ai failli vous le faire à la MasterCard : "priceless", mais c'était un peu trop évident... "timeless", peut-être ?).

Mais qu’est-ce qu’il peut bien y avoir à Agra qui justifie un périple pareil ? Réponse demain (si vous êtes impatients, une petite recherche sur Google devrait vous donner la solution en moins de 30 secondes…).

Mais parlons un peu des vols. Les billets A/S Chennai-Delhi coûtent de 100 $US à 320 $US. Pour les Indiens, c’est moins cher, mais il faut donner la preuve que l’on est indigène, et je suis trop pâle pour prétendre obtenir ce genre de rabais. Toujours dans l’optique de ne pas trop dépenser pour pouvoir m’offrir des « luxury items » dignes de ce nom, j’ai d’abord voulu réserver avec la compagnie aérienne la moins chère, Deccan Airlines. Curieusement, à chaque fois que j’ai essayé de prendre mon billet, quelque chose m’en empêchait (système informatique bloqué, agente de voyage trop désagréable pour que j’accepte de lui donner mon argent, etc.).

 

Finalement, à la quatrième agence, j’ouvre mon esprit à d’autres possibilités.
« Sahara Airlines, est-ce que c’est mieux que Deccan Airlines ? »

 
 
« Tout est mieux que Deccan Airlines. D’autant plus qu’ils annulent très souvent les vols du matin, parce qu’il n’y a pas assez de monde. »
« Ah. Ils annulent. Et ils nous mettent dans un avion d’une autre compagnie à la place? »
« Non, ils vous remboursent .»
« Mais je ne veux pas être remboursée, je veux aller à Delhi. »

Il me regarde en souriant. Je souris aussi. Je prends Sahara Airlines.
 
J’arrive à l’aéroport. Je me rends compte que l’endroit où je vais rester à Agra (c'est ça, mon prochain "luxury item") fait partie d’une grosse chaîne hôtelière qui offre l’accès à un salon-restaurant privé à ses clients. YES ! Je l’ai enfin eu, mon salon VIP. Il n’y a pas l’internet, mais je me sens quand même spéciale. En guise de petit déjeuner, je commande des idlis (petites crèpes de riz servies avec du chutney à la noix de coco) que je mange avec mes doigts. Je suis presque une Indienne.
 
  Vol aller-simple Chennai-Delhi avec une toute petite escale : 200 $US. Le confort se situe entre Air Transat et Air Canada. Le personnel de bord est courtois, la nourriture est bonne, et l’avion était presque à l’heure (il aurait été à l’heure si j’avais compris plus tôt que les annonces faites dans un anglais oriental s’adressaient à la dernière personne qui n’avait pas embarqué…).
 
Quand j’ai appelé l’hôtel pour vérifier ma réservation, on m’a dit qu’un taxi depuis l’aéroport coûtait 6.500 Rs (oui, c'est pratique : il n'y a pas d'avion qui fasse le trajet...). Je trouve ça cher, et j’essaye de trouver une solution alternative. À côté du tapis à bagages se trouve un service de location de voitures avec chauffeur. Avec air climatisé, c'est plus cher, mais en ce moment il fait entre 20 et 25 degrés, donc ce n'est pas franchement nécessaire. Pour un petit véhicule non climatisé, il m’en coûtera 5.800 Rs (130 $ US) pour deux jours et demi (de samedi après-midi à lundi soir). Et je n’ai même pas besoin de me soucier de savoir où dormira mon chauffeur : il s’organise. En plus, je comprends presque toujours ce qu’il me dit. C’est carrément génial !

Tous ces chiffres, ça peut donner l'impression que mon voyage a coûté super cher. En fait, il n'y a que la portion "luxury items" qui soit un peu plus dispendieuse. N'oublions pas que j'ai vécu pendant un mois dans une hutte avec douche froide pour 8 $US par jour.
 

Arrivée à l'hôtel, on me conduit dans la chambre 416. J'hallucine. Ce n'est pas aussi spectaculaire que l'endroit dans lequel j'étais restée à Pondichéry (c'est difficile de faire mieux que la chambre qu'ils m'avaient attribuée...) mais c'est quand même très beau. Vous avez remarqué ? C'est en général à la qualité de la salle de bains qu'on reconnaît la catégorie de l'établissement.

Là, je me rends compte que si je continue sur cette voie-là, vous allez commencer à imaginer que je ne pense qu'à manger et à prendre des douches chaudes. C'est hyper réducteur comme jugement. J'aime les bains, aussi.

 
 

Et maintenant, un truc un peu moins drôle. Les connexions internet sont parfois merdiques en Inde. Je viens de perdre deux emails (envoyés à mon adresse creattitude.com) qui n'ont jamais réussi à rentrer sur mon ordi. Et qui ont disparu du serveur. Donc si vous m'avez écrit hier ou aujourd'hui, veuillez envoyer à nouveau votre email SVP.

Allez, je dois y aller. J'ai une douche à prendre !

 

Le dimanche 15 janvier 2006

Voici ce que l'on voit au loin depuis la fenêtre de ma chambre. Comment ça, ce n'est pas impressionnant ? J'ai pourtant payé un supplément consistant pour avoir vue sur le monument !

Vous ne voyez pas de quoi il s'agit ? Mais non, ce n'est pas le Sacré-Coeur !

 
 
Moralité : "vue sur..." ne veut pas forcément dire que vos allez avoir une vue de carte postale depuis votre chambre... Est-ce que ça vaut vraiment la peine de payer un supplément pour ça ?

Je me ballade dans l'hôtel avec mon ordinateur (la connexion Wi-Fi ne fonctionne pas vraiment dans ma chambre, mais très bien dans le lobby) et mon appareil photo (il faut bien que je les prenne,les photos, avant de vous les envoyer !).

Tout d'un coup, un clone indien d'un agent du Mossad me saute dessus et me bombarde de questions. Quelle est la raison de mon séjour dans l'hôtel ? Ben parce que je veux voir le monument. Oui, mais pourquoi voulez-vous le voir ? Elles sont un peu débiles, ses questions. Quand on est à Paris, est-ce qu'on a besoin d'une raison pour aller voir la Tour Eiffel ?
 
  J'ai dû le rendre nerveux, avec mon ordi et mes photos. Il doit s'imaginer que je suis une journaliste du secteur touristique. Ou que je fais un audit sur son hôtel pour le groupe qui l'emploie. Quand ce sera le cas, il faudra que je me souvienne de ne sortir qu'avec l'appareil photo ou l'ordinateur. Pas les deux à la fois.

Ci-contre : le jardin du Taj View (!) Hotel.
 
Direction le Fort d'Agra. J'ai une impression bizarre en le voyant. J'en ai rêvé il y a quelques mois, sans même avoir vu de quoi il avait l'air avant aujourd'hui.

Au sortir de la voiture, des types se ruent sur moi. Ils veulent tous être mon guide. Je dis non une fois, deux fois, trois fois. Ils insistent. Je me mets en position de combat en hurlant. Ils battent en retraite.
 
 
Au monument suivant, je vis l'expérience la plus stressante de tout mon voyage en Inde. Cela fait plus de 10 ans que je parcours le monde toute seule, et j'ai rarement eu une sensation aussi désagréable. Pour éviter l'engorgement, nous devons nous stationner un peu à l'écart, puis le restant du trajet se fait ensuite à pied ou par moyen de locomotion local. Je n'ai même pas le temps de sortir que la voiture est encerclée. Vendeurs de souvenirs, conducteurs de rickshaw, de minibus, de tuk-tuk. Je me sens comme un morceau de viande au milieu de cannibales au régime. C'est atroce comme sensation. Je commence à hyperventiler et demande à mon chauffeur de les faire partir. Pas super efficace. Il est bien gentil, mais il n'a pas beaucoup de poigne.

Un Indien s'approche et me dit qu'il s'en occupe et qu'il m'attend un peu plus loin quand je serai prête à sortir. De reconnaissance, ce sera lui mon guide. Je lui fais cependant promettre de ne pas m'abreuver de détails et de ne parler que si je lui adresse la parole. Je sais, ce n'est pas très sympa, mais je pense que j'ai eu ma dose pour la journée. Je précise enfin que je n'ai pas besoin d'un guide, mais d'un garde du corps, et que son boulot principal sera de faire en sorte qu'aucun vendeur ne m'approche. Son prix est de 275 Rs. que je négocie à 150 Rs. pour ses services de bodyguard (finalement, il a tellement bien fait son travail que je lui ai donné 300 Rs.).
 
  Vous l'avez deviné, je suis au Taj Mahal. C'est vrai que la photo n'est pas tout à fait centrée, mais nous étions 15 à vouloir prendre la même, et ce n'était pas moi qui poussait le plus fort...

Les soirs de pleine lune (plus un jour avant et un jour après), le Taj Mahal se donne en spectacle devant une centaine de personnes. L'onyx, le marbre, le corail, brillent de mille feux. Malheureusement, il faut réserver la veille avant 18h00... et je suis arrivée à 20h30. C'est très dommage, car il paraît que c'est inoubliable. Mais au moins, je vous repasse le tuyau. Si vous y allez, vous m'enverrez une photo !
 
Parlant de photo, il y a PLEIN d'Indiens qui m'ont demandé de prendre des photos de moi ou avec moi. Ils n'ont sûrement jamais dû voir une blonde... Je rigole avec mon guide en disant qu'on pourrait faire de l'agent si on faisait payer chaque cliché. Magnanime, je les laisse faire gratuitement.

Je vous présente mon garde du corps. Non seulement, il a éloigné tous les emmerdeurs, mais en plus il est très beau...
 
 
Le lundi 16 janvier 2006

Trajet de retour vers Delhi. Je n'ai pas très hâte, car c'est sale, c'est pollué, et ça sent très mauvais. Grande ville qui ressemble à beaucoup d'autres. J'ai un peu le cafard. Je m'ennuie d'Auroville.
 
 

Petit arrêt à Mathura, la ville natale de Lord Krisna. Je fais deux temples de suite. Au premier, on me fait un point jaune, puis rouge sur le front. Au deuxième, je chante Haré Krisna avec les pélerins. C'est très joyeux et un peu planant. Ça me change les idées, c'est parfait.

Delhi, finalement. Je ne sais pas encore où je vais dormir. C'est la seule fois du voyage où je ne me suis pas occupée de mon logement. Je me dis que je vais essayer l'Impérial avec ses jolis palmiers. Après tout, on est en Inde, les prix ne doivent pas être si élevés...
 
Pleine d'espoir, avec un jean sur les fesses et un point rouge et jaune au-dessus de mes yeux, j'attaque la réception. Ça va de 350 à 3.000 US$. Je me la joue cool mais je m'étrangle mentalement. J'ai tellement de self-control, je n'en reviens pas.
 
Ah, OK, très bien. Bon ben je vais prendre un verre au bar et je vais décider de la catégorie de chambre que je vais prendre ce soir. Ah bon, il n'y a plus de place ? C'est teeellement dommage !!! Allez c'est pas grave, je vais quand même prendre un verre, hein ?

En fait, ce sera deux plutôt qu'un. Des Martinis au chocolat blanc. Débile mental (traduction pour les Français : putain que c'est bon !).

 
 
Et l'hôtel ? J'en ai trouvé un très bien, à prix tout à fait raisonnable, juste à côté de l'aéroport. Comme ça, en plus d'éviter les embouteillages, je pourrai dormir plus longtemps.
 
   
 
   
 

 

 
 
 
 
 
Copyright Segolene Gautier 2006