Le blog
de Ségolène Gautier
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Ségolène à Auroville

 
 

Le samedi 13 janvier 2007

J'ai eu mon visa sans problème. Le seul truc un peu ennuyeux, c'est qu'ils ne sont pas capables de tout dire à la fois. On doit prendre un papier, puis le remplir. Ensuite on attend et on nous donne un autre papier. Ensuite on attend et on donne de l'argent. Ensuite on attend et on nous dit de revenir le vendredi matin. Et le vendredi matin, on donne encore de l'argent et on nous dit de revenir le vendredi soir. Mais bon, les bureaux de Kandy ne sont pas surchargés, et le prix du visa est raisonnable (environ 4.500 roupies sri lankaises, soit 45 $US).

 
  J'ai décidé de rester un peu plus longtemps. D'abord parce que je me sens bien ici. "Sri Lanka, the land of Serendipity", comme ils disent. Le pays des rencontres imprévues avec la Beauté. Et puis aussi parce que j'ai découvert l'Hôtel Thilanka. Mais je ne changerai pas d'hôtel, celui où je dors est très bien, et puis avec la différence de prix, je vais pouvoir m'offrir un traitement par jour.
 

En effet, en souvenir de mon excursion à Adam's Peak, j'ai énormément de difficultés à marcher. Je dois utiliser un parapluie comme canne, surtout pour monter et descendre les escaliers. Depuis hier, je me fais donc masser au Spa ayurvédique du Thilanka. Un massage d'une heure coûte 2.500 SKR (25 $US). C'est un peu cher pour le pays, mais l'endroit est super propre, et le site de l'hôtel est absolument magnifique. Et puis je vois déjà une amélioration à mon état par rapport à hier. Je me tortille un peu moins quand je me déplace et mes jambes ne tremblent presque plus.
 

 

Le lundi 15 janvier 2007

Il est temps de parler un peu de mon hôtel. Le Sharon Inn. C'est un endroit propre et charmant sur les hauteurs de Kandy. Les propriétaires sont adorables et la nourriture est absolument délicieuse. Une chambre avec salle de bains privée, eau chaude, balcon, vue sur le lac et télé (4 chaînes, dont deux sportives) ne coûte que 2.000 SKR la nuit (20 $US). Mais il faut se battre avec les chauffeurs de tuk-tuk pour se faire emmener là-bas quand on descend du bus ou du train. Comme les propriétaires ne leur versent pas de commission quand ils amènent des gens, ils essayent de trimbaler les touristes partout ailleurs.

 
  Sur 4 chaînes de télé, il y en a théoriquement deux qui passent des films et des émissions de divertissement en anglais. Théoriquement. Car les singes, qui sont partout, ne l'entendent pas toujours de cette oreille. Ils jouent sur les toits et arrachent souvent des morceaux importants du système de satellite. Ce qui fait que certaines chaînes deviennent inaccessibles. Et en général, c'est celles que je regarde.
 
Je sais, dans un pays aussi magnifique, je devrais faire autre chose que regarder la télé. Bla bla bla. Moi je dis que c'est hyper jouissif d'avoir parfois une activité complètement régressive. Et puis après mon pélerinage la nuit, sous la pluie, j'ai gagné le droit de regarder la télé une semaine sans m'arrêter si c'est ça qui me fait plaisir.
 


Aujourd'hui, bain de lait de bufflone. Oui, le même lait que pour faire la mozzarella. Je me plonge avec délectation dans l'eau tiède et je me prends pour Cléopâtre. 1.000 LKR (10 $US) pour se sentir comme une reine, c'est le meilleur deal de l'année !
 
 

Le mardi 16 janvier 2007

Je commence à m'ennuyer d'Auroville. Je décide de rentrer aujourd'hui. Mais comme il me reste suffisamment de roupies sri lankaises pour le voyage de retour, je n'aurai pas à chercher de bijoutier. En effet, aussi bizarre que cela puisse paraître, les banques d'ici ne changent pas les roupies indiennes. Il faut s'adresser aux marchands d'or et de bijoux. Et négocier le taux de change. Si on a de gros billets (ex: 1 billet de 1000 roupies plutôt que 10 billets de 100), on peut obtenir un meilleur change. Parce que c'est plus facile pour eux de les transporter jusqu'à Singapour. Je n'ai pas trop compris pourquoi ils devaient aller là-bas, mais quelques fois, c'est bien de ne pas poser trop de questions.

 
 
Mais avant de prendre mon bus en direction de l'aéroport, je décide de grimper (décidément, c'est une obsession...) jusqu'au Bouddha qui surplombe la ville. Un petit moine d'une douzaine d'années me fait payer mon droit d'entrée "pour l'entretien du site".
 

Et là, je reste figée. Il fait 30 mètres de haut et, comme il est assez tôt (il doit être environ 9h30... les aurores pour moi), je suis la seule touriste. J'en profite pour prendre mon temps et je discute un peu avec lui. J'étais venue pour un visa et je me retrouve à escalader toutes les montagnes du Sri Lanka pour parler aux Bouddhas. The land of Serendipity...
 
 
J'ai été contente de venir, mais je suis contente de partir. Les Sri Lankais sont adorables... quand ils n'ont rien à vendre. On se fait arrêter toutes les 5 minutes dans la rue. "vous voulez un tuk-tuk ?" "vous voulez des cigarettes ?" "vous voulez être mon amie ?" (sous-entendu, "une fois qu'on sera amis, je trouverai bien un moyen de vous demander de l'argent"). Un type qui attendait son visa avec moi m'a dit que c'était la raison principale pour laquelle le tourisme avait baissé de 60% ces dernières années.
 
 


En fait, les seules choses qui me manqueront vraiment sont les massages et les couchers de soleil.
 

J'achète une petite bouteille d'eau dans le bus. Scellée, bien évidemment. Je crois percevoir un mouvement du vendeur de billets qui fait le début d'un geste, comme pour dire "ne fais pas ça". J'ai sans doute trop d'imagination...

Arrivée à l'aéroport, je sors la bouteille de mon sac. C'est bizarre. Elle est scellée, mais elle fuit. Comme il y a une pellicule en plastique qui recouvre le bouchon, je me dis qu'il faut quand même que j'arrête d'être paranoïaque. Je bois. Et je recrache aussitôt. C'est de l'eau croupie, le genre qui empoisonne les touristes innocents. Je cours aux toilettes pour continuer à cracher. Une chance, rien n'a eu le temps de descendre dans mon estomac. Je peste contre ce connard de vendeur ambulant qui vend de l'eau du robinet en faisant croire que c'est de l'eau potable. Je trouve que c'est criminel !

Les femmes de ménages, prises de pitié, rinceront ma bouteille et iront me chercher de l'eau purifiée, fraîche de surcroit. Oui, la gentillesse existe encore.

 

 

 
 
 
 
 
 
   
 

 

 
 
 
 
 
Copyright Segolene Gautier 2007