Le blog
de Ségolène Gautier
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Ségolène à Auroville

 
 

Le lundi 12 décembre 2005

Je suis arrivée hier soir à New York, par bus. À mes « amis » qui ricanent en me disant que je veux économiser sur tout, je répondrai que je n’avais pas prévu que mes vaccins me coûteraient plus de 400 $CA. Pensez à les inclure dans votre budget si vous partez en Asie : la facture peut s’élever assez rapidement, surtout quand on vient de déclarer une épidémie d’encéphalite japonaise là où vous devez aller…

 
  Descendue au Carlton Arms, j’ai eu une agréable surprise. Cet hôtel situé proche de Gramercy Park propose des chambres toutes décorées différemment.
Malheureusement, on ne peut pas réserver telle ou telle unité : on prend ce qui est disponible au moment de l’enregistrement. Et celle dont j’avais toujours rêvé était justement libre ce soir-là. J’ai vraiment eu l’impression de dormir dans un de mes tableaux de la série des magiciennes.

 
Ce soir, destination JFK à partir de Grand Central Station (par bus, toujours). Pour ceux que ça intéresse, l’aller coûte 15 $US et est aussi confortable qu’un taxi ! Je me prépare mentalement : le voyage va être long. New York – Londres dure environ six heures, tandis qu’il faut en compter une dizaine pour aller de Londres à Madras (rebaptisée Chennai, nom à consonnance moins anglophone).

En attendant l'embarquement, je cherche désespérément une connexion internet. Dans pratiquement tous les aéroports du monde, on trouve des liaisons WiFi (Internet sans fil) partout dans les terminaux. Pas ici. Raison de sécurité. Je suis accro à mes emails, et je ne les ai pas lus depuis hier. J’essaye de me faufiler dans le salon VIP de British Airways, je me fais attraper. Je joue l’idiote. « Ah bon, avec un billet en classe éco on n’a pas le droit au salon VIP ? » Pas grave, un jour je voyagerai en business et j’aurai le droit de lire mes emails en me faisant masser les pieds.
 

Le mardi 13 décembre 2005

Arrivée à Londres. Juste avant l’aterrissage, je prends mon deuxième comprimé anti-paludisme. C’est un peu compliqué, avec le décalage horaire, de prendre ça à la même heure : j’ai dû me faire un petit tableau avant le départ. Je suis mieux préparée que d’habitude. Et pour une fois, je me suis vraiment occupée de mon confort. Au lieu d’un seul sac en cabine pour mon ordinateur, j’en ai un deuxième pour du linge de rechange. Il est hors de question que je passe vingt heures de suite dans les mêmes vêtements. C'est déjà assez de ne pas pouvoir prendre de douche, puisque je n’ai pas accès à leur p… de salon VIP !

À Heathrow, à peine le temps de changer d’avion. Pour une fois, je ne regrette pas les longs couloirs : ça me donne l’occasion de me dégourdir les jambes.

 

Chennai, finalement, une dizaine d’heures plus tard. Après douaniers (qui ne parlent presque pas l’anglais…) et bagages, je trouve mon chauffeur. Il a été réservé par l’intermédiaire de la guesthouse dans laquelle je vais rester. Il me demande si ça me dérange que nous soyons deux passagers au lieu d’un. Non, ça ne me dérange pas, mais combien ça va me coûter alors ? 1.400 Rs. (roupies). Non, ça c’est le prix que j’aurais payé toute seule. Nous sommes deux, donc je ne veux payer que la moitié. Ma logique mathématique n’a pas l’air de le faire rire. Nous tombons d’accord pour 1.000 Rs. par personne. Il est 2h30 et le trajet devrait durer trois heures. Il fait 24oC. C’est chaud et collant. Il y avait de la neige quand j’ai quitté Montréal. Je ne me plains pas.

 
Auroville, enfin ! Le chauffeur me conduit à Aspiration Guesthouse, l’une des premières communautés construites à Auroville. Personne pour nous accueillir, et il ne sait pas dans quelle hutte je dois rester. Il finit par appeler le manager sur son cellulaire. Un jeune indien souriant (on me réveillerait à une heure pareille, je ne sourirais pas autant…) arrive et m’explique que ma chambre n’est pas disponible. Je ne comprends pas trop pourquoi mais je m’en fous un peu, je veux juste dormir. Il me transfère donc pour quelques jours chez un de ses amis, à Auromodèle. Moi qui pensais passer le prochain mois dans une hutte sans murs, avec salle de bains partagée, me voici dans une chambre immense, avec salle de bains privée, terrasse géante et vue sur palmiers. Je l’aurai, ma hutte, mais quand je serai remise du décalage horaire.
 
 

Le mercredi 14 décembre 2005

Le logement à Aspiration, comprenant 3 repas quotidiens et les 60 Rs versées à l'entretien général de la ville, me coûtera 360 Rs par jour (environ 8$ US). Se loger à Auroville peut varier de 100 Rs à 1.500 Rs, dépendamment du confort recherché et de la situation géographique. Je m’y suis prise un peu tard, pour ma réservation (la saison touristique a lieu de début décembre à fin avril), j’ai donc pris ce qui était disponible.

 

J’aurais aimé être plus au centre ou encore sur la plage, mais finalement je suis assez contente. Aspiration est une communauté très « friendly », et je suis proche de la boulangerie et d’un village où on trouve toutes sortes de boutiques indiennes sympas. Même des poupées Barbie pour 150 Rs (3 $US). Bon, ce n'est pas la Barbie qui fait pipi ni celle qui a les cheveux qui poussent tous seuls, mais quand même...

 

Je vais m’ouvrir un compte et activer ma Auroville Guest Card. D’après le désir de la Mère, fondatrice d’Auroville décédée en 1973, aucun argent ne doit circuler dans la ville. On s’ouvre donc un compte, dans lequel on met de l’argent (ils s’occupent aussi de changer les devises étrangères au même taux que celui pratiqué à l’aéroport). À chaque fois que l’on veut payer, que ce soit dans une boutique ou un restaurant, on sort la carte et on signe une feuille sur laquelle est inscrit le montant dû. Un peu comme quand on est à l’hôtel et que l’on demande de porter nos dépenses au compte de notre chambre. À la fin du séjour, ils nous rendent l’argent qui nous reste.

 

Après ces formalités, je prend possession du scooter que j’ai loué pour toute la durée de mon séjour (60 Rs. par jour). Je sais que ce n’est pas bien, que pour l’environnement j’aurais dû me contenter d’une bicyclette, mais il fait chaud et les routes sont vraiment défoncées. Donc scooter ce sera. Presque tout le monde choisit ce moyen de transport et ça demande vraiment des compétences particulières pour réussir à éviter les vaches et les chèvres qui se promènent tranquillement sur les routes.

 
 
Je vais voir mon amie Nadia, rencontrée à Arcosanti, qui a déménagé à Auroville il y a quelques mois. Beaucoup de gens, quand ils ont commencé le circuit des communautés internationales, ne peuvent plus s’arrêter. J’en suis un bon exemple. Il faut avoir essayé, pour comprendre de quoi il s’agit. Je finis par la trouver, après bien des détours. Elle habite assez loin de là où je suis basée, et je suis très contente d’avoir une carte de la ville pour me repérer. Certains endroits ne sont pourtant pas indiqués et je devrai demander assez souvent mon chemin. Mais tout le monde se parle, ici. Le contact est facile.

Je suis épuisée. Je vais me coucher à 19h00.
 
   
 
Copyright Segolene Gautier 2005