Le blog
de Ségolène Gautier
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Ségolène à Auroville

 
 

Le lundi 8 janvier 2007

Je suis arrivée hier soir à Kandy, une petite ville au coeur du Sri Lanka. Bon, là, vous commencez à avoir du mal à suivre. Elle n'était pas à Auroville ? Si, mais pour prolonger mon visa qui arrive bientôt à expiration, je dois sortir de l'Inde. Et le pays le plus proche est le Sri Lanka. Et, tant qu'à voyager, autant que ce soit amusant. Colombo est - paraît-il - super moche, et comme il y a une antenne du Gouvernement Indien à Kandy (à 4 heures de bus de l'aéroport de Colombo), ce serait idiot de ne pas en profiter pour admirer les beautés naturelles et faire un peu de tourisme.

 

 

Autant je dirais qu'Auroville est rouge, orange et jaune, autant Kandy est verte et bleue. Il y a un lac au milieu et de la végétation autour. Beaucoup. Pas étonnant, puisqu'il pleut quand même assez souvent. C'est calme et enveloppant.

 
 

 

 

 

Après avoir déposé ma demande de visa, je vais manger à la terrasse d'un hôtel. Il y a un mariage dans la grande salle à manger, et une petite demoiselle d'honneur prend l'air. Trop mignonne.

 

 

Le mercredi 10 janvier 2007

Ça y est, j'ai encore la bougeotte. J'ai fait trois fois le tour de Kandy et il faut que je m'occupe en attendant mon visa (qui devrait être prêt vendredi). Je pars donc à la conquête d'Adam's Peak, la montagne la plus sacrée du Sri Lanka.

Sauf que le problème, c'est qu'il n'y a pas de bus direct pour Dalhousie (la ville située en bas de la montagne). Je dois donc prendre un bus pour Hatton, et un autre de Hatton à Dalhousie. Il n'y a plus de place dans le bus, le chauffeur me dit d'attendre le suivant. Je me prends pour une grosse négociatrice et je lui dis que je suis prête à payer quelqu'un 50 roupies (le prix du billet est 56 roupies) pour prendre sa place et que je paye mon billet en plus. Il me regarde, avec un mélange d'incrédulité, d'étonnement, de fascination. Bref, il me prend pour une folle. Il attrape le billet de 50 roupies que j'agite sous son nez et me donne un reçu. Il a cru que je négociais le prix du billet. Les roupies sri lankaises coûtent deux fois moins cher que les roupies indiennes. Le prix du billet est donc de... 0,50 $US.

 
Je monte dans le bus et - comme on me l'avait dit - il n'y a plus de place. Mais puisque ça me tente très moyennement de faire les trois heures de voyage debout, je m'installe dans le rack à bagages. Comme je tourne le dos à la route, ce n'est pas hyper confortable, mais ça a un grand intérêt. Vous voyez la petite barre en métal ? Ça m'a assuré que personne ne débordait sur mon espace vital pendant le trajet. Et ça, ça vaut de l'or, en Inde !  
 
Arrivée à Hatton, pas de bus. Je ne comprends rien, j'en ai marre, je suis fatiguée, impossible d'obtenir une information claire. Un chauffeur de tuk-tuk me propose de m'emmener. Je lui demande combien ça va coûter. "don't worry, good price". J'insiste pour connaître le prix avant, il résiste. Je continue à insister. Il finit par lâcher le morceau. 700 roupies. Pour une heure et demie de voyage. Quatorze fois plus cher que le bus. J'évalue la situation. Je n'ai aucune envie de dormir à Hatton. J'accepte.
 
  La route est magnifique. Nous passons devant des plantations de thé. Au fait, inutile de commander un café au Sri Lanka, ils ne savent pas les faire et on se retrouve avec un genre de boue infâme et trop amère. Pour satisfaire son envie, il faut demander un Nescafé. Ça sort d'une machine distributrice, il y a du lait dedans et c'est très sucré, mais c'est la seule chose caféinée buvable qui ressemble un peu à un cappuccino.
 
Nous arrivons finalement à Dalhousie. Je lui dis que je veux aller à la Green House. Ils en parlaient dans le Lonely Planet. Ce guide est tellement plein de bonnes adresses que je l'appelle parfois le Lovely Planet.
 

Bien que j'aie clairement énoncé ma destination, le chauffeur s'arrête devant tous les hôtels de la ville. J'apprendrai plus tard que la Green House ne leur donne pas de pourcentage, c'est pour cela que les prix sont raisonnables (500 Rs la nuit, soit 5 $US). C'est aussi pour cela que les chauffeurs refusent d'y aller. Je sors mon ton désagréable du mercredi soir et il comprend que si il veut être payé, il va falloir qu'il arrête ses conneries. J'arrive donc à bon port avec un chauffeur qui fait la gueule. Mais c'est le cadet de mes soucis, car je dois dormir quelques heures avant le départ à l'aube.
 
 

Le jeudi 11 janvier 2007

Réveil à 2h00 du matin. J'ai réussi à dormir un peu plus de 4 heures. Sur la table de la salle à manger, il y a du thé et des bananes pour que les pélerins ne partent pas le ventre vide.

 
 
Car Adam's Peak est un lieu de pélerinage multi-confessions. L'empreinte de pied qui se trouve au sommet, eh bien pour les chrétiens, c'est celle de St-Thomas, pour les hindous, celle de Shiva, pour les bouddhistes celle de Boudha, et pour les musulmans, celle d'Adam.
 
Il pleut à verse et la patronne me prête un impair. Génial ! Parce que je n'ai pas l'intention d'attendre que la pluie s'arrête pour démarrer. L'idée de partir à une heure pareille, c'est d'arriver au sommet pour voir le soleil se lever.
 

 

Au bout de 20 minutes, je me rends compte que l'imper est tout, sauf étanche. Je ferai donc 4 heures de marche en pleine nuit sous la pluie. Et le lever du soleil qui - paraît-il - est une expérience extraordinaire vu d'en haut, sera complètement caché par les nuages. Mais je suis allée jusqu'au bout. Et ça, c'est un accomplissement ! Et puis, marcher seul, ça permet de faire le point sur soi-même. Je comprends un peu mieux les pélerins de St-Jacques de Compostelle.

 
 
 
En haut, j'achète une fleur de lotus. C'est la représentation de l'âme qui s'ouvre progressivement. Je la déposerai devant le bouddha endormi qui se trouve au pied de la montagne. Il dort, parce qu'il peut se reposer, sa mission étant accomplie.

(la photo n'a pas été retouchée... c'est hyper bizarre, mais oui, la fleur rayonne)

 
Je me souviens alors que j'ai des vêtements secs dans mon sac à dos. C'est drôle, le bonheur que peut procurer une découverte aussi simple... Et aussi incroyable que cela puisse paraître, la descente est encore plus difficile que la montée. J'arrive à la guesthouse à 11h00, complètement fourbue, avec les jambes qui tremblent. Je prends une douche, et je repars en direction de Kandy. J'ai hâte de retrouver ma chambre confortable.
 
   
 
   
 

 

 
 
 
 
 
Copyright Segolene Gautier 2007