Le blog
de Ségolène Gautier
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Ségolène à Auroville

 
 

Le mercredi 4 avril 2007

Ça y est, c'est officiel : je suis touristophobe. J'étais tranquillement en train de manger mon müsli-yoghourt au snack de Repos Beach quand un "touriste" a commencé à m'emmerder. Notez le dégoût quand je parle des touristes. C'est fascinant. Je suis en train de devenir comme les vrais Auroviliens, ceux que je trouvais un peu méprisants la première fois que je suis venue, il y a un peu plus d'un an.

Bref, voilà l'histoire. Le snack était bondé, comme ça arrive souvent en saison. Pas étonnant : la patronne est Québecoise et elle est adepte du "raw food". Donc la nourriture qu'elle propose, en plus d'être délicieuse, est sécuritaire. C'est l'un des rares endroits où on est sûr de ne pas s'empoisonner en mangeant des fruits et des légumes crus.

 
 
Donc la plage est pleine, toutes les tables sont prises (les tables sont à l'endroit d'où j'ai pris la photo, c'est pour cela qu'on ne les voit pas). Le type est assis tout seul et il est entouré de chaises vides. Je lui demande si je peux partager sa table. Il me répond "Nous sommes à Auroville, non ? Vous ne devriez pas avoir besoin de demander." Eh bien si.
 

Ce que certaines personnes ne comprennent pas, c'est que ce n'est pas parce que nous avons décidé de vivre en communauté (notez comme je m'inclus dans le lot...) que nous voulons forcément tous manger dans la même assiette, dormir dans le même lit, ou parler à tout le monde. C'est comme dans un mariage. C'est un choix de départ, mais on doit quand même avoir un minimum de respect envers les autres. Et le respect de l'espace vital est l'un des plus importants ici. Par exemple, on ne va jamais chez quelqu'un à l'improviste, sauf si la personne nous a clairement spécifié que c'était son mode de fonctionnement.

Mais revenons à nos moutons. Je tente de lui expliquer ce concept un peu abstrait. Il me dit alors que ça fait deux jours qu'il est arrivé, qu'il a tout compris sur Auroville, blablabla. J'essaye de fermer mes oreilles, mais c'est dur sans mettre les doigts. Je n'en peux plus de ces gens qui pensent en un claquement de doigts pouvoir analyser cette société que je commence à peine à comprendre, alors que j'en suis à mon cinquière mois de séjour. Et le pire, ce sont ceux qui critiquent ! Ce n'est pas assez comme ci, c'est trop comme ça... Oui, mais au moins, les gens ici, ils essayent !!! Au lieu de se plaindre tout le temps de la société dans laquelle ils vivent, ils se retroussent les manches et tentent de bâtir quelque chose de nouveau.

Bref, une fois mon petit déjeuner avalé, je me suis enfuie. La prochaine fois que quelqu'un est seul à une table, je me poserai la question avant de vouloir m'asseoir avec lui...

 


Pour finir sur une note un peu plus joyeuse, voici une scène de la vie ordinaire. Ce n'est pas une légende : les Indiens ont l'habitude d'être un peu tassés quand ils se déplacent.
 
 

Le lundi 9 avril 2007

Je n'en peux plus. La chaleur est trop intense. J'ai le cerveau qui se dilate. Je ne supporte plus rien ni personne. J'ai l'impression que je fais de la fièvre. Il faut que je sorte de là.

 
Mon amie Tashi me propose de venir la rejoindre. Elle est à la montagne en ce moment, à Kodaikanal - Kody pour les intimes. C'est là que vont les Auroviliens en été (en mai et juin), quand la chaleur devient insupportable. Moi, j'ai décidé que la chaleur insupportable, c'était début avril. Je prends le bus de nuit (il y a 9 heures de trajet - 820 Rs. aller-retour, plus le prix du taxi pour aller en pleine nuit jusqu'à la station de bus de Pondy).

 

Voilà ce que je vois au petit matin. Il y a encore au moins deux heures de route, et je serai plus que contente d'avoir encore une fois pensé à emporter mes pilules anti-nausée. Après l'anti-moustique, vive le Gravol !

Il faisait 38 degrés à Auroville, il fait 22 à Kody. Nous avons FROID. Cela fait une éternité que ça ne m'était pas arrivé. C'est bizarre, comme sensation. Je me rends compte que j'aime ça DE TEMPS EN TEMPS.

 


Parce que ça permet de faire un feu dans la cheminée et de boire du chocolat chaud en regardant des films au lit et en se racontant des histoires de filles. C'est hyper régressif. J'adore !

Et bien sûr, pour faire du feu, il faut du bois. Nous en achetons sur la route du village, à deux femmes qui passaient pas là avec leurs ballots sur la tête. Nous rentrons rapidement. Nous avons encore plein de films à voir.

 

 

 

 

 
 
   
 
     
 
 
 
     
 

 

 

 

   
 
 
 
 
 
   
 

 

 
 
 
 
 
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